Des pluies abondantes ont touché le centre-ouest de la France du vendredi 29 au samedi 30 mars 2024. Les cumuls d'eau importants et la saturation en eau des sols suite à une période très pluvieuse sur les mêmes régions, ont engendré la crue de plusieurs cours d'eau et des inondations. La situation a nécessité une vigilance rouge de Météo-France et Vigicrues pour certains tronçons. En particulier, la Creuse et la Vienne ont connu des crues majeures, les niveaux d'eau ayant atteint le dimanche 31 mars des valeurs remarquablement élevées.
Le 29 mars 2024, une dépression de surface (environ 975 hPa) est centrée
à l'ouest de l'Irlande, et un vaste thalweg à 500 hPa s'étire jusqu'au
Maroc. Un front très pluvieux, peu mobile, ondule sur une partie centrale de la
France. La signature de ce front est identifiable sur la figure 1
ci-dessus, par une réflectivité radar modérée à élevée le long d'une
zone de fort gradient thermique à 700 hPa, et sur la figure 2 ci-dessous, par une zone nuageuse dense dans le canal infrarouge associée à un fort gradient d'épaisseur et des ascendances maximales en moyenne troposphère.
Cette perturbation a apporté des pluies pendant plusieurs heures, conduisant à des cumuls d'eau supérieurs à 50 mm entre la Haute-Vienne et l'Indre. En raison de ces précipitations copieuses et des sols saturés en eau, le niveau des cours d'eau est monté rapidement durant le weekend du 30-31 mars. Le département de l'Indre-et-Loire a été touché par des inondations causant d'importants dégâts. La situation était particulièrement critique entre Descartes et Nouâtre (figure 3), où la Creuse et la Vienne ont connu une crue exceptionnelle.
Le niveau de la Creuse a en effet dépassé 7 m de hauteur à Descartes, un niveau plus élevé qu'en mars 1923, mais inférieur à celui atteint en avril 1926 (figure 4). A Nouâtre, le niveau de la Vienne a franchi 9 m le dimanche 31 mars après-midi, une hauteur d'eau supérieure à celle atteinte lors de la crue de janvier 1982 et jamais mesurée auparavant (figure 5).