En situation anticyclonique durant l'hiver, les nuages bas, brumes et
brouillards sont parfois tenaces en plaine et en vallée, où le réchauffement
diurne peut rester faible. Le temps en montagne peut en revanche être
ensoleillé, sec, doux et associé à une excellente visibilité. Le Grand Ballon
culmine à 1424 mètres d'altitude : il s'agit du sommet le plus élevé du massif
vosgien, depuis lequel les Alpes bernoises et le Mont Blanc étaient visibles
dimanche 17 décembre 2023 (photo ci-dessous). Ce jour-là, dans l'est de la
France, les températures étaient plus élevées en montagne qu'en plaine.
Le sondage de Payerne, en Suisse, montre le même jour une couche d'inversion
(figure 2) caractérisée par un fort accroissement de la température avec
l'altitude, au-dessus d'une mince couche saturée près de la surface (stratus).
La température est légèrement négative en très basse couche, où par ailleurs
le vent est calme à faible d'après les barbules et l'hodographe, mais elle
atteint environ 10 °C à 1500 m d'altitude ! L'écart important entre la courbe
d'état en rouge et la courbe du point de rosée en vert dans l'atmosphère libre
indique une faible humidité relative.
La tropopause était haute pour un jour d'hiver, située à une douzaine de
kilomètres d'altitude d'après le sondage. La France était sous l'influence
d'une dorsale d'altitude et d'un anticyclone de surface avec une pression
réduite au niveau de la mer atteignant 1040 hPa en Europe centrale (figure 3
en haut). Les hauts géopotentiels étaient associés à une masse d'air chaud
et particulièrement sec à 850 hPa (figure 3 en bas).
En cours de soirée du 16 décembre, la température sur les crêtes
vosgiennes vers 1200 m d'altitude a augmenté. La station météorologique
située au Markstein a ainsi enregistré une hausse de 5 °C en deux heures
environ, la température passant de -1 °C à 4 °C puis atteignant 5-6 °C au
cours de la nuit. Conjointement à ce réchauffement, l'humidité relative
s'est abaissée à 10 % pendant la nuit, une valeur extrêmement basse !
Cette évolution peut s'expliquer par la subsidence qui accompagne
l'anticyclone (figure 4) : en descendant, l'air subit une compression
adiabatique, se réchauffe et s'assèche au-dessus de basses couches
demeurant plus froides et humides. Le 18 décembre à midi, alors que le Val
de Saône était plongé dans le brouillard par des températures inférieures
à 2 °C, on enregistrait plus de 15 °C au Lac Blanc dans le massif des
Vosges, à plus de 1000 m d'altitude.