Après une dégradation orageuse remarquable pour la saison des Pyrénées à
l'Allemagne le 13 mars 2023, un front suivi d'un ciel de traîne a encore
traversé la France. Des pluies et des vents assez forts ont été observés à son
passage. Sur la figure ci-dessous apparaissent les nuages associés à la
perturbation synoptique en Europe dans la nuit du 12 au 13 mars. Un front
chaud s'étend alors du Royaume-Uni à l'est de la France, où il donne quelques
pluies, et un front froid s'étirant jusqu'au large du Portugal aborde la
Bretagne. Ces deux discontinuités sont séparées par un secteur chaud. La masse
d'air chaud subtropicale ressort en vert sur l'image masse d'air RGB. La
perturbation est au stade d'occlusion.
Des orages modérés à localement forts se sont développés le long du front
traversant la France du sud-ouest au nord-est, au sein de l'air chaud et
instable, le 13 mars. Dans le même temps, les îles Britanniques étaient
traversées par l'occlusion rétrograde liée à la dépression située en mer du
Nord et associée à un thalweg de surface.
Ce front occlus était précédé par une masse d'air moins froid que l'air
postérieur, on parle dans ce cas d'occlusion froide. Suite aux advections
froides dans l'écoulement de secteur nord, il a pris peu à peu un caractère
de front froid progressant rapidement vers la France. La trace du front près
de la surface en tout début de matinée le 14 mars (figure 3) s'identifie à
la zone de plus forte variation du gradient de température potentielle
équivalente (theta-E), des Pays-Bas au Massif central. L'image IR met bien
en évidence des nuages. La perturbation circule d'ouest en est et est
associée à une advection d'air froid et sec (cf. l'orientation des isohypses
par rapport aux isentropes). Les isobares faiblement espacées suggèrent des
vents soutenus.
En coupe verticale (figure 4), le champ de température potentielle
équivalente (isentropes en noir) à 6 h UTC le 14 mars montre encore un
profil en V caractéristique d'une occlusion, suite au rejet de l'air chaud
en altitude. Le gradient horizontal de theta-E est prononcé en basse couche,
entre l'air froid postérieur à l'ouest et l'air antérieur moins froid à
l'est. Il y a une advection froide dans les niveaux inférieurs et un
transport d'air sec (surtout vers 700 hPa). Les ascendances, maximales en
moyenne troposphère, s'accompagnent de divergence (convergence) près de la
tropopause (surface) et engendrent la formation de nuages porteurs de
précipitations.
La dernière figure montre les valeurs de plusieurs variables
météorologiques relevées dans la nuit et en matinée le 14 mars 2023 par la
station météorologique de Reims, où le front est passé entre 6 h et 8 h
locales. Après la pluie, on observe une brusque rotation du vent et un net
renforcement de celui-ci (encadré en bleu clair). En effet, le vent
initialement de sud-sud-ouest tourne pour s'orienter à l'ouest puis à
l'ouest-nord-ouest, et de fortes rafales de vent sont mesurées (~ 80
km/h). Parallèlement, la pression augmente, passant de 994 hPa à plus de
999 hPa. La température et l'humidité varient également. En raison de
l'advection froide, la température baisse un peu et le réchauffement
diurne après 10 h est limité. La diminution de l'humidité relative à
l'arrière de la perturbation indique un assèchement de la masse d'air.