Après une circulation zonale dominante en février, un régime de blocage s'est
installé pour le début du printemps météorologique. Cette situation
météorologique se caractérise par une pression atmosphérique plus élevée que
la normale en Europe du Nord. Du dimanche 6 mars au lundi 7 mars, un
anticyclone était centré entre l'Irlande et la Norvège, une configuration
engendrant près de la surface un flux de nord en Europe centrale et des vents
de nord-est à est sur la France. Dans ce contexte, une masse d'air
relativement froid et sec a temporairement gagné l'Hexagone, avant que le flux
ne bascule mardi 8 au secteur sud avec le léger décalage de l'anticyclone et
l'approche des perturbations atlantiques.
A la faveur d'un ciel nocturne dégagé, de fréquentes gelées ont été observées en plaine, parfois fortes (températures minimales < -5 °C). La masse d'air était effectivement froide sur la majeure partie du continent. A l'ouest, au-dessus de l'océan Atlantique, le vent de sud faisait remonter de l'air doux. Des températures plus élevées que la normale concernaient le nord de l'Europe.
Voici le profil à la verticale de Nancy dans la région Grand-Est sous
l'influence d'une masse d'air frais continental, d'après l'analyse GFS de 12
h UTC le 07 mars. La courbe rouge représente la température de l'air et la
courbe verte le point de rosée. L'écart entre ces deux courbes dans la
troposphère donne une indication sur le degré d'humidité de l'air. Plus la
différence est grande, plus l'humidité relative est faible. Dans le cas
présenté ici, l'air est sec, insaturé sur toute la colonne. L'humidité
relative moyenne entre 300 et 850 hPa n'est que de 13 %.
La température en surface est de 39 °F, soit environ 4 °C. En mars, si les masses d'air sont généralement encore fraîches, l'énergie solaire reçue par la surface terrestre à nos latitudes augmente. Par une journée ensoleillée, les très basses couches de l'atmosphère se réchauffent suffisamment. Tout près du sol, on observe sur le diagramme précédent que le gradient thermique vertical est sur-adiabatique, puis la température potentielle est constante jusqu'à 900 hPa, une conséquence de la turbulence : la température diminue à peu près suivant le gradient adiabatique sec (~ 1 °C pour 100 m d'élévation).
La couche limite atmosphérique est surmontée par une couche d'inversion où
la température augmente avec l'altitude, entre 850 et 800 hPa. La subsidence
(vitesse verticale positive en coordonnée pression, négative en coordonnée
altitude) conduit à un réchauffement adiabatique et à l'assèchement de la
masse d'air. L'atmosphère libre est stable (augmentation de theta-e avec
l'altitude). On peut noter que le vent s'oriente au secteur E en surface
comme en altitude.
L'image satellite suivante montre une faible nébulosité lundi en France. La région nord-est du pays en particulier a connu un très bon ensoleillement début mars. La présence d'un anticyclone n'implique toutefois pas forcément un ciel clair. Des nuages bas occupaient ainsi les îles Britanniques le 7 mars. Un peu en marge des hauts géopotentiels, on relève une couverture nuageuse importante en Europe de l'Est et au-dessus de l'Espagne. Les perturbations atlantiques sont dans ce type de situation atmosphérique freinées dans leur progression vers l'est, bloquées par les hautes pressions.